« On le sait : il n’y a d’activité humaine, artistique ou non, encore moins littéraire, que de surface. Ainsi de milliards d’hommes appliqués par la plante des pieds sur l’immense pelouse de la terre et qui n’ont que faire du contenu ; ainsi des façades des maisons et des buildings qu’ils lui posent perpendiculairement dessus ; ainsi des draps qui sèchent ; ainsi de l’horizon qui est comme l’électrocardiogramme du mourant, l’horizontal narguant le vertical ; ainsi des toiles que peignent les peintres après s’être assurés qu’elles étaient bien tendues entre leurs cadres de bois ; ainsi également des feuilles de papier, format international, sur lesquelles les écrivains s’acharnent toujours à déposer et à étaler leur encre ou à frapper du carbone ; ainsi de notre peau qui est le peu que nous connaissons de notre corps. »
Denis Roche, Dépôts de savoir et de technique.
Tarmac (hors livraison)
guettant
l’épellation nuit
féru qui
n’est-ce pas
démembre décembre
entre la griffe
d’un pariétal front
machine abysse
étuis scabreux
langer la
peu dans le tronc
larve en-cas
Je ne comprends pas ; le thème, est-ce la surdité, ou sont-ce les battements du sang ?
Ni l’un ni l’autre, et vous avez le choix.
Une façon comme une autre de dire que l’on naît dans l’obscurité des racines (c’est un boulot alimentaire). Éteint, nocturne ou non l’éclairerait-il d’un écart ?
Décollage
« comme un singe en danger de mort devant un serpent guetteur et capté hypnotisé par les motifs de la tapisserie »
Jean-Jacques Viton, N’enlevez pas les bandes blanches.
En effet, lever de rideau ; éprise de mots peints, « c’est un » conversant verger que je/table.
Le grand fessier
Fameux portrait d’un amant éconduit ! Il gagnerait assurément le concours de l’école des acteurs. Papier peint, de Florent Saltino, lui va à ravir (il est crispé comme une anatomie du bassin vue de dos), mais à propos de je/table il faut aussi songer, et surtout méditer Space2, Providence, de Francesca Woodman, foudroyée à 23 ans.
À Maurice et Marcelle
Le divan du salon littéraire à venir est placé sous une vanité : encollage analeptique, et tirez la chasse avant d’en sortir !
SERVICE DE PRESSE
Grand concours de reproésie des transports en commun
1er Prix
À la perche, à la brosse et au seau de manutention du môme à qui incombe l’encollage des affiches des transports intestinaux dans un festin en commun pour aller vers du travail salarié, aux poseurs de tags contestataires ; aux doseurs de signaux qui n’en sortent plus du tunnel entrepreneur d’otages (mais pas aux pseudos ou « vrais » poètes lénifiants, laudatifs et collaborateurs), à l’homme-sandwich, à la femme à l’identité imposée et déprise, à l’enfance éberluée, canalisée, dévoyée quand parfois ravie de l’être ; à toutes celles et à tous ceux qui le prennent chaque soir au retour, ce TC aux horaires volatils — affichage info trafic — qui leur fend un destin à l’appétit écœuré de ces publicités imposées qui font un chiffre d’affaire au-delà du prix du ticket et de la carte d’abonnement, à Monique et Marcel, à Madeleine et Mauricette, à Sylvain et Renée, à Pierre et Corentin puisque, matinal ou vespéral, avec ou sans parenthèses l’indigestion des yeux du métropolitain anonyme est à tout un chacun…
2e Prix
Espace vital minimal
TRANSPORTS * NID DE RAILS
DESTINATION : TRAVAIL
Fabien Gay-Lussac, Contre-feux.
3e Prix
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Rémi Chaulé, Longs et boyaux services, extrait du hors lé.
Cher Rémi,
merci pour ce commentaire augmenté des textes des trois lauréats.
Vous avez omis de préciser les nom et prénom du gagnant, est-ce à dessein ? Ainsi que vous l’avez proposé en début de semaine, votre texte se trouve désormais dans votre commentaire, et nous attendons avec une impatience certaine l’aboutissement de votre « lé ».
ANTÉCIMAISE vous remercie chaleureusement pour l’envoi de votre manuscrit, et moi pour la confiance que vous nous accordez.
Précisons que Maurice et Marcelle était une blague Carambar : nous nous prénommons Pascal et Zuria…
Je profite de ma réponse à votre commentaire pour également publier l’avant-dernier envoi manuscrit édité par nos soins, et qui n’avait pas été rendu public. Il s’agit d’Écho errant, de Marie-Odile Pivert.
Écho errant
Bien à vous,
Zuria
Oui, en effet ! Il s’agit de Josette Parlant, lauréate au concours 2018 des transports en commun ; ses nom et prénom ont été à la Une de tous les gratuits d’Île-de-France.
« C’est un coin de terre
sèche jaune nue
griffé par les poules
parsemé de plumes et de fiente
l’enfant s’acoucoune parmi les cocottes
grattant et picorant cette terre
chaude de soleil
jusqu’à ce qu’elles l’oublient »
Daniel Biga, Le poulailler sacré.
nous en avons discuté dans le métro
il faut gratter mais je ne suis pas très
douée pour les explications de texte
tu le sais ! et il est insomnie moins le quart mais j’ai
tout scanné, tout noté j’ai un fichier sur toi, rien que sur toi
je le renseigne car je n’ai aucune confiance
en ma mémoire des dates, des noms mais j’ai
une mémoire d’éléphante pour les situations je n’oublie
rien, absolument rien le moindre détail la
moindre parole le plus petit soupir toutes ces fictions
de la mémoire qui retournent à la mémoire en la dé
routant afin qu’elle se retrouve et s’y perde
et — en y trouant le sinueux — s’y noue
« my memory is
the history of time »
Charles Olson, The Maximus Poems, V [II.86].
Les mots sont l’objet, la matière et l’oubli du silence, et celui-ci véritablement le sujet des mots — leur réponse insurrectionnelle.
Une question à mon tour : les mots écrits sont-ils silence ? Et les mots parlés sont-ils absence de silence ? Les mots sont parfois guerre et paix, et le silence notre compagnon intime sur lequel tout se détache.